Marathon de Paris 2012

Courir pour l'ArcVoilà, lundi, lendemain de marathon, jambes un peu lourdes et souvenirs inoubliables plein la tête…Retour sur le Marathon de Paris 2012 , défi sportif et humain que j’ai partagé avec vous.

Objectif atteint … Courir pour l’ARC  et aider la recherche, à lutter contre le CANCER.

Maintenant le temps … 3h34mn14s… du style pas mal, mais peut mieux faire. Allez  je vous raconte.

Samedi, vraiment pas serein dans la tête, grosse appréhension au niveau du mollet, des mollets … 3 semaines sans entraînement…2 contractures … 1 TGV  pour Paris avec Véro; j’essaie de me mettre en mode « pensées positives », et je repense à pas mal de conseils et d’encouragements … celui de mon kiné ou de doc Pascale, ceux de mes proches,  ceux de Jacques mon ami de luxe, ma Référence marathon, mon Jogging International, mon Dominique Chauvelier à lui tout seul… Je relativise le côté sportif même si je sais qu’il est le moyen, et me raccroche à l’aspect humain…

Alors voila, petit tour au Village Marathon porte de Versailles pour récupérer le dossard avec un numéro, comme le dit mon collègue Jean-Paul ,  « facile à retenir 13226, 13 fois 2 = 26 » , et un bon bain de foule. Passée cette étape assez fastidieuse en fait, fin d’après-midi et soirée tranquille autour des spaghettis bolognaises de circonstance…

… 6h00 réveil, après une nuit où le sommeil n’est venu que trop rarement… Café, gâteau sport … 6h30 du mat je Kamolise, je Boosterise BV, j’Overtisme ma ceinture, j’Isostarde ma gourde (que je perdrai comme un blaireau avant le 5ème), je bandanise mon crâne…je n’oublie pas mon short et my ASICS  …

Départ de l’IBIS Bastille avant 7h00, avec un coureur Belge rencontré dans le Hall de l’Hotel. Aïe, ça caille dur dehors, en short. Combien 5-7°C ?  Temps super frais avec un peu de vent. Métro, direction Charles de Gaulle Etoile, et bientôt des Anglaises, des Italiens, des Joggers venus de tous les horizons… un  Parisien qui t’explique pourquoi “quand tu seras à peine au  semi les kényans eux  seront déjà dans l’avion retour”.   Je suis sur les champs vers 7h30 visiblement dans les tous premiers, je sors le sac poubelle et je me cale dans le Sas des 3h30, en redescendant vers la Concorde.  Les Champs se remplissent doucement, de façon implacable, dans la bonne humeur et le calme. Il est 7h00 le Paris sportif s’éveille et avec lui la complicité, le partage de moments particuliers avec tous ces passionnés, stressés, pressés d’en découdre, de profiter d’un moment unique, heureux d’être là tout simplement. L’échauffement collectif, les histoires personnelles de chacun … Chaque marathonien a son propre défi, son propre objectif …

8h45…Départ de l’élite, 100 m plus bas puis départs par vagues des anonymes, et cette année les sas sont même sous divisés en 2 côtés. Au total je pars 6 mn après les kényans mais avec  une vraie fluidité dès les premiers mètres. Après je démarre en mode prudence 4’50s au kilo, les mollets un peu douloureux, semblent répondre correctement, je suis plutôt rassuré. Je cours  à l’économie, le temps de laisser  chauffer la machine (ne jamais être en dette d’oxygène me disait mon pote Boris il y a 1 mois après son Marathon de Marseille bouclé en 2H51… ça laisse rêveur …), ou encore un marathon c’est 30 kms de footing et 12 kms de mental où  tu fais avec les moyens du bord;

j’ai l’impression de me traîner mais je profite vraiment de Paris, le stress commence à disparaître un peu, je m’arrête à Bastille embrasser Véro, le 5ème en 24’04s la petite montée vers le bois de Vincennes, le Rocher sur la gauche, les Orchestres de La Chasse à Cours, puis un groupe qui joue du U2 , le 10ème en 48’26s, le 15ème en 1h12’45s bien concentré sur les ravitos (j’ai perdu ma gourde du coup je les fais tous avec 2 petites bouteilles de Vittel  + 1 gel mais  vraiment super trop  épais, c’est fou ça).

Le semi entre Vincennes et Bastille nickel bouclé en 1h42’26s. Je suis bien, j’entends un “Fred” d’un ton  famillié  en direction  de la colonne, dans la foule et je  suppose que ce doit être Véro, mais je n’arrive pas à la localiser, comme  je rate aussi  mon frangin Patrick au 10ème puis au 23ème, mais lui m’aperçoit au milieu de ce flux humain.

L’ambiance est géniale, le temps idéal pour courir hormis un petit vent de face par moment. Les nombreux groupes de percutions donnent le tempo, les spectateurs applaudissent et encouragent en voyant le prénom des coureurs inscrit sur le dossard, « Allez Fred » ou plus souvent bizarrement « Come On Fred ». Les minots, tenus par les parents, te tendent la main en attendant une tape au passage… combien de mains aurai-je tapées à l’arrivée 10,20 ? Les bords de Seine, les tunnels bien que casse-pattes s’enchaînent  assez bien au début, mais je zappe le ravito du 25ème, que je passe en 2h01’51s toujours régulier, mais vraiment trop chargé entre eau et gels au niveau de l’estomac…  28ème kilomètre arrêt après le Pont de l’Alma au Stand de l’Arc association pour laquelle je cours, « bonjour, bravo, merci et  au revoir … c’est gentil mais  j’aimerais pas rater  le ballon des 3h30 moi » .

Je reprends ma foulée, je me dis “allez prends un peu d’eau  au prochain ravito”, mais à une centaine de mètres du 30ème (c’est un gag, j’y crois pas, putain ce mur, je fais un blocage ou quoi …),vlam … ,  je me sens mal,  et je suis obligé de me frayer un passage au milieu du cordon de spectateurs vraiment dense sur les bords de la Seine pour aller faire mon gerbi double couches … désolé … je passe au 30ème en  2h28’34s calé pile poil sur le rythme des 3h30′, je repars plus léger jusqu’au 35ème que je passe en 2h54’ mais avec déjà une légère baisse de régime, et des jambes douloureuses surtout en bas des mollets.

Là je me mets en mode sécurité, surtout pas de blessure, pas maintenant, je ralentis inconsciemment conforté dans l’idée par une fatigue qui s’installe petit à petit. La flamme des 3h30′ me double  peu après le 37ème kilo, et je me pose la question d’aller  chercher sur ma gauche, mon objectif qui s’échappe mais au risque d’exploser; évident qu’il y a plus de fraîcheur là bas, ça voltige, ça parle, ça blague… un groupe entier en plus … Grhh !! …  ou alors  jouer la sécurité et gérer les 5 derniers kilos en mode   je reste prudent et concentré sur mon objectif principal, avec les moyens du moment,  courir pour l’ARC, finir avant tout, dans un temps raisonnable, se faire plaisir et aller au bout de ce défi ; je pense à tous ceux qui comptent pour moi, ces encouragements, ces minots, cette ambiance… ces 12 semaines d’entraînement et de sacrifices… faut aller au bout pas le choix. “les gars allez on lâche rien dans 30 minutes on est sous la douche”, harangue un coureur à ma gauche, une spectatrice reprend la musique de Rocky.

Les mollets tiennent, je calcule, « au pire 6 min au  kilo jusqu’à l’arrivée tu fais moins de 3h35′ alors tu tiens », le Garmin me donne 5’40,  puis 5’30 au kilo suivant … je matérialise la ligne d’arrivée Avenue Foch que j’ai vue si souvent à la télé lors de la Grande Messe Parisienne dominicale  d’Avril du Père Patrick Montel et du  Frère Bernard Faure.  Je visualise mentalement mon accélération finale…  en attendant les hectomètres défilent… ça tient toujours…  ça y est je sors de Boulogne, un dernier virage à droite, et la ligne d’Arrivée  est là, plus proche que je ne  l’imaginais… la banderole lumineuse,  les coureurs amassés, certains allongés transformés en Schtroumpfs par un pancho bleu posé dès leur arrivée. J’accélère pour le plaisir, mais ma cuisse droite me conseille de la jouer plus modeste…Usain Bolt ce sera pour plus tard…

Je passe la ligne, dans un soulagement et une joie emprise d’émotion et de souffrance … 3h34’14s… je l’ai fait … grâce à vous … je suis vidé, soulagé… heureux tout simplement … Le défi est allé au bout … je retrouve Véro, ou plutôt Véro me retrouve … nous  tombons  dans les bras l’un de l’autre …

En fait, la plus belle perf c’est sans doute la sienne, en m’accompagnant tout au long de ce  Week-end.

Merci à tous.

http://www.arc-cancer.net/A-la-une/article/Marathon-de-Paris-Bravo-et-merci-aux-coureurs-ARC.html